Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Carnets nomades

Carnets nomades
Publicité
Articles récents
Newsletter
Derniers commentaires
Carnets nomades
23 juillet 2009

Sana'a

Comment définir Sana'a et l'attraction qu'elle provoque chez le voyageur qui décide de s'y arrêter pour un séjour ou pour la nuit !? Depuis un mois que je suis au Yémen j'y ai séjourné une dizaine de jours, la quittant pour mieux la retrouver. C'est mon point de rayonnement, ma base.

Mon quartier de prédilection ? la vieille ville ! J'aime son architecture, ses souks, ses ombres et ses lumières. Sa foule qui s'empresse ou paresse dans ces rues labyrinthiques, ses Mosquées, sa magie au crépuscule ou au petit jour blème lorsque la voix du Muezzin monte, répercutant sa clameur sur ses toits comme si la ville se faisait l'écho mystique des prières à Allah, son chaos, sa circulation anarchique, ses jardins cachés à l'oeil du visiteur trop pressé, sa voie principale qui devient rivière quand la pluie s'est abattu quelques heures..

Les premières traces d'habitation à Sana'a remonterait à 2500 ans, dans certains endroits on dirait que le temps s'est arrêté. La ville, un des plus importants centre religieux de la péninsule arabique, accueil pas moins de 106 mosquées dont 53 dans la vieille cité. C'est un jeu de parcourir le lacis de ses ruelles pour les dénombrer. De cette vieille ville pas ou peu de cartes, les Yéménis ont tous mémorisé ce dédale de rues, ruelles et impasses. Je ne m'y promène pas, je m'y perds à dessein. J'ai toujours sur moi les cartes de visite de l'hôtel ou de l'endroit que je veut atteindre. Après mains tour et détours quand mes jambes sont lasses, mes yeux rassasiés et que le temps du retour est venue, je dégaine malicieusement cette carte et arrête le premier passant venu. Il la lit attentivement puis me fait signe de le suivre, il m'emmène par les rues. Qu'il connaisse ou pas le chemin qui mène à ma destination a peu d'importance, le savoir est collectif ici, chaque personne rencontrée est une aide. En chemin la discussion s'engage quand la langue le permet:
- D'oû vient tu ? Bienvenue au Yémen! Comment trouves mon pays?
- Je suis français, merci, ton pays est très beau.
Ensuite nous nous efforçons d'épuiser mon mince vocabulaire arabe, ou anglais pour lui, afin de communiquer. Nos incompréhensions comme la fluidité de certains messages rendent le trajet très amusant. J'arrive à bon port et nous nous séparons chaleureusement. Je regagne mon hôtel pleins de certitude sur mes futures capacités à me repérer dans la vieille ville mais passant devant le présentoir de carte, je ne peut me retenir d'en saisir une et de la glisser dans ma poche...

Publicité
Publicité
10 juillet 2009

Salam Aleikum

Voilà enfin des nouvelles !! Mes déplacements, la rareté des connexions internet dans les endroits que j'ai visité et les nombreuses coupures d'électricité ne m'ont pas permis d'alimenter ce blog comme je l'aurais souhaité.
Cela fait 22 jours que j'ai quitté la France pour ce voyage autour du monde, 22 jours passés, hors du temps, au Yemen. De Sana'a la féérique aux montagnes du Haraz, du djebel Burr’a aux plaines côtières du Tihama brulées par le soleil, des rivages du golfe d'Aden au pont de Shehara: j‘ai dormi chez  l’habitant ou à la belle étoile, affronté des températures supérieur à 40°, Mâcher du "Qat" la drogue locale et légale affalé dans des mafraj, tiré au pistolet, randonnée dans des Djebels, nagé dans la mer rouge, parcouru des kilomètres sur le toit d’une jeep ou à l’arrière d’un pick-up, dansé la Le'ba, partagé la Saltah avec d'hospitaliers inconnus assis à même la rue, manqué de trépasser dans un accident de voiture, dégusté de la langouste fraichement péchée pour quelques euros, appris à évaluer la beauté des femmes voilées yéménites à leurs regards, croisé des dromadaires au détour de ruelles, Aspiré à la sérénité dans des mosquées vieilles de plusieurs siècles, contemplé de somptueux villages embrumés perchés sur des pitons rocheux... Mon séjour au Yemen n'a été qu'un mélange de beauté, d'émerveillement, d'hospitalité de diversité et de tumulte dans une ambiance d'orient d'autrefois.

Pourtant mon arrivée en "arabie heureuse" fut quelques peu mouvementée. J’attérissais à 0H30 à l’aéroport international de Sanaa après 4h de vol depuis la Jordanie: l’avion était en majeure partie occupé par des yemeni, reconnaissable à la « futa » (large tissu avec lequel il se drappe la taille et les jambes)  et aux shawls qui coiffent leurs têtes de différents styles. Les femmes elles portent la Burka noire qui ne laissent apparaître que leur regard ou rien du tout pour certaines. Durant le vol je décide de regarder un film, la sélection proposée n’est pas mal et j’opte pour un film français (serais-je  déjà nostalgique  !?) "Agathe Cléry" avec Valérie Lemercier, une comédie musicale, que étrangement j’apprècie beaucoup, je ris pas mal et souris niaisement même pendant certaines scènes romantiques. Pendant le visionage je sens du remue ménage autour de moi, j’ôte mon casque et me retourne, beaucoup de passagers sont debout. Le chef steward accompagné de son équipe tentent de séparer deux passagers yéménites qui en sont venu aux mains, ça crie et ça invective en arabe. Après renseignement, je comprends que tout a éclaté parce que le passager arrière se plaignait que celui de devant prenait trop d’aise en reculant son siège et il n’aurait pas trouvé mieux pour montrer son désaccord que de lui tirer les cheveux, ce qui a totalement déplu à l’autre qui lui a sauté dessus. Ça vitupère sec pendant 10 bonnes minutes et tous les passagers sont aux premières loges. Je n’ai jamais vu ça dans un avion ! Ça à le mérite de me distraire des problèmes de cœur de Valérie Lemercier pendant un moment. L’équipe de bord ramène le calme, je me glisse dans mon siège en souriant, ce voyage au Yemen ça promets ! Je me replonge dans le film, Valérie trouve enfin l’amour, je souris niaisement, générique et je m’endors.

A l’atterrissage je suis dans les vapes et la chaleur à l’extérieur n’arrange rien, on grimpe dans un bus direction le terminal. Le comité de réception a de quoi laisser perplexe, une dizaine de personnes portant des masques d’hopitaux nous accueillent (cas de H1N1 au yemen ??) , quand c’est mon tour, l’un me braque un pistolet électronique sur le front, un autre me questionne en arabe, je commence tout juste à bafouiller une réponse type en anglais que l’on me pousse en fourrant dans ma main un formulaire à remplir. Dans le terminal la  cohue règne, je suis déboussolé. J’ai l’impression d’être au ralentie par rapport à l’ambiance générale.  Je passe l’immigration puis soulage mon portefeuille de 50 euros pour un visa yéménite de 3 mois.  Je me présente au dernier contrôle avant de récupérer mes bagages et m’engouffrer dans le nuit yéménite pour Sana'a. J’imagine déjà  la vieille ville de Sana’a aux fenêtres chatoyantes, son ambiance mille et une nuit. Normalement le chauffeur de l’hôtel où je vais séjourner m’attend dans le hall des arrivées. Je suis interrompu dans mes rêveries par l’agent de contrôle qui me questionne en arabe, je lui tends mon passeport et lui explique en anglais que je ne comprends pas l’arabe, il ne semble pas comprendre et repose sa question en me fixant. C’est à ce moment là que tout dérape ! Mon passeport passe de ses mains à sa ceinture et il me fait signe de me mettre sur le côté. Les lumières de la vieille ville  de Sana’a s’estompent progressivement dans ma tête. J’ai la gorge sèche et je suis fatigué. Je vois défiler tout les passagers avec qui j’ai voyagé, ils  passent le contrôle sans encombre.

L’agent transmet mon passeport à un de ses collègues qui me demandent de le suivre jusque devant son bureau qui se trouve dans le hall des bagages. Il me dit de m’assoir et d’attendre, Je m’exécute et lui demande « quel est le problème».  Il me réponds : « pas de problème » C’est pas très détaillé comme réponse mais ça à le mérite de me rassurer 15 bonnes minutes. Ce laps de temps écoulé toujours rien. Du côté du contrôle le débit de passager est toujours fluide, je profite de récupérer mes bagages. l’agent ressort de son bureau avec mon passeport, passe devant moi sans me regarder, montre mon passeport à un collègue qui  me dévisage, ils discutent, l‘agent s‘éloigne, rigole avec un autre puis disparait. Il revient 20 bonnes minutes plus tard repasse devant moi mon passeport toujours à sa ceinture. Je l’apostrophe :
- Excuse me, what is the problem with my passeport ?
- No problem wait !
Là j’ai une mauvaise impression, un déclic, je sens que je ne maîtrise rien. ça peut être long... je décide de m'installer plus confortablement et de passer en mode adaptation-relaxation (ça se traduit chez moi par du grignotage, généralement un truc sucré, là une barre Grany, et une façon agréable d’occulter le problème pour se dégager l’esprit, dans mon cas le bouquin « Samarkand » d’Amin Maalouf, que je vous recommande chaudement au passage !). Je prends un air dégagé, le temps passe, la plume de Maalouf m’entraine dans d’orientales aventures, je m’extrais de temps en temps de ma lecture pour chercher d’un œil le geôlier de mon passeport et évaluer les avancées de ma situation. Une demi-heure file. L’agent réapparait accompagné par un homme de petit taille à fine moustache et embonpoint, pistolet à la ceinture, qui me détaille de haut en bas d'un oeil suffisant, certainement son responsable. Il me présente une main à la poigne molle que je serre et me lance un "where do u from ? "
- France, Paris réponds-je.
- Where u want to go ?
La question me surprends.
- ben Sanaa (Patate !!).
Ce n’est pas possible pour un français me réponds t-il en faisant de grands gestes, s’éloignant.
Il revient vers moi.
- Have u a Yemeni tourist agency.
Je réponds que non, il me dit que dans ce cas ce n’est pas possible qu’il m’en faut une. Je lui rétorque que s’il me laissait aller à Sana'a je pourrais résoudre ce problème d’ « agency » sur le champ. J’ajoute que c’est la première fois que j’entends parler de ça et que de nombreux français qui sont passés au Yemen avant moi n’ont pas eu à en prendre. Il gesticule, me parle d’un nouveau système, fais des grands yeux et arrive au résultat simpliste suivant : pas d’agency not possible.
Je commence sérieusement à le détester celui là !
Il me reste suffisamment de calme intérieur pour poursuivre. S’énerver serait une erreur. Je lui dis que j’ai un hôtel réservé à Sana'a et que le chauffeur doit m’attendre à l’instant même dans le Hall des arrivées;
On fait quêter le chauffeur, celui-ci semble étonné, il appelle l’hôtel . Le reponsable prends le téléphone et une longue conversation en arabe s’engage puis on me passe le réceptionniste qui d’une voix désolé me dit qu’il ne comprends pas, qu’il n’a jamais vu ça et qu’il ne peut malheureusement rien faire et quand bien même qui aurait-il à faire puisque rien n’est irrégulier. Je raccroche. On me renvoie à ma place.
Je tergiverse sec, ça devient inextricable, j’avais pas prévu ce genre d’accroc et la fatigue rend tout cela des plus agaçant. Le chauffeur repart. J’essaye de me replonger dans mon livre mais les aventures  de Omar Khayyam le poète ont perdu de leur saveur et j’ai du mal à m’y absorber. Une heure passe. Le responsable revient vers moi et me lance mielleux:
- "He didn't call.."
Ma jauge de calme intérieur n'est plus qu'à 20% !
- Appeler !!? Qui doit appeler et pourquoi faire à propos de quoi ???
Il fait des grands yeux.
- "Coz u haven't agency !"
Ok ! j'en ai marre, je me lève et lui demande si on peut parler seul à seul dans son bureau. Il accepte.
Je lui explique la situation. Je fais un tour du monde, le Yemen est ma première destination. je me faisais une joie de découvrir ce pays. j'arrive, je demande un visa que j'obtiens et paye puis je suis retenu depuis des heures pour aucune raison valable alors que d'autres passagers étrangers ne sont pas inquiétés.
- "Ils ont tous une "yemeni agency" me rétorque t-il ?"
- "Comment le savez-vous ?"
Il élude la question et m'explique que c'est un nouveau système pour la sécurité des touristes vu la situation au Yemen. Il s'interrompt. Au bout d'un petit moment il me dit qu'il peut casser le système pour moi mais que ce ne sera pas facile mais il peut le faire, il le fera ! Mais comme c'est difficile il souhaiterait que je fasse aussi quelque chose pour lui... ...
Que la lumière soit ! Je comprends tout ! La discussion va être plus simple maintenant !
- Combien voulez-vous ?
hésitation... il me réponds par une question.
- "Combien avez-vous ?"
Je saisi 10 dollards jordanien dans ma poche qui en compte une centaine et les mets sur la table.
Vu sa mou il est clair que ce n'est pas suffisant. Il finit par lâcher qu'il faudrait au moins 100 dollards pour casser ce fameux système.
La jauge est au rouge.
- "Voilà ce qu'on va faire", lui dis-je, dans un anglais parfait teinté d'agressivité. "Vous allez me remboursez mon visa et je prends le premier avion qui décollera pour la Jordanie ce matin et j'expliquerai ce qui m'est arrivé à mon ambassade au yemen et.."
Il me coupe :
- "I'm just Laughing, i'm just laughing".
"Vous pouvez aller à Sana'a" me fait-il. "Mais par contre vous ne pouvez pas sortir de la ville c'est dangereux, si j'apprends que vous êtes allé à l'extérieur vous aurez des ennuis", son regard sur ces derniers mots se fait menaçant.
- "Bien entendu," fais-je.
Il me tends une main molle que je serre à nouveau. Il fait rappeler mon hôtel et une demi-heure après je m'engouffre dans le la voiture du chauffeur qui tout content de me voir me tape plusieurs fois sur l'épaule. Il est 4h du matin quand j'arrive au "Golden Daar", mon Hôtel, la vieille ville plonger dans l'obscurité ne me livre qu'un bref aperçu de sa beauté. L'accueil de Amin le réceptionniste, ma chambre et la vue sur la ville achève de chasser cette mésaventure. Epuisé je m'écroule le sourire aux lèvres. Je suis à Sana'a, enfin ! je sombre dans un profond sommeil et en ressort une heure plus tard réveillé par le puissant chant du Muezzin...











Publicité
Publicité
Publicité